Mechichi: Je n'ai pas besoin que l'Etat subventionne mon pain
Dans son interview accordée au journal français Le Figaro, le chef du gouvernement Hichem Mechichi, a été interrogé sur plusieurs questions, notamment ses attentes quant à la visite du premier ministre français en Tunisie.
Mechichi a indiqué que la France continue à considérer la Tunisie comme un partenaire de choix dans la région. "Elle est le premier investisseur en Tunisie et la première destination choisie par les étudiants tunisiens", a-t-il précisé.
Il a, par ailleurs, ajouté que différentes conventions (sur l’enseignement, l’industrie, l’énergie...) seront signées et dévoilées ce jeudi. Une reconversion d’une partie de la dette envers la France (831 millions d’euros en 2018, selon le ministère des Finances tunisien, NDLR) est également en discussion.
La question des Tunisiens illégaux et radicalisés en France
Il y en a qui sont rentrés. Et cela continue, déclare Mechichi. Il suffit que nous nous assurions de leur statut pour qu’ils soient réadmis. La Tunisie est prête à réadmettre les personnes qui n’ont pas vocation à rester en France. Il y a des accords de réadmission et je pense qu’ils fonctionnent bien. L’Union européenne cherche à bloquer les départs de migrants vers l’Europe en échange d’une aide économique, a-t-il poursuivi.
Bloquer les migrants sur les côtes tunisiennes ou d’Afrique du Nord, c’est insuffisant et impossible, affirme Mechichi. La meilleure manière de les retenir chez eux, c’est de renforcer le partenariat avec les pays émetteurs, a-t-souligné, appelant cela le développement solidaire. Il faut qu’un candidat à l’immigration préfère rester chez lui. Je ne dis pas que la solution sécuritaire doit être oubliée, bien au contraire. Il faut préserver nos frontières et protéger ces personnes-là de la traite des êtres humains. Elles sont les premières victimes.
Un prêt de 3,3 milliards d’euros du FMI
A propos du prêt de 3,3 milliards d’euros du FMI, Mechichi a indiqué qu' aller vers le FMI est une démarche rationnelle pour sortir la Tunisie de son marasme économique. Nous avons présenté au FMI un plan de relance bien préparé. Il n'y aura pas de suppression des subventions sur les produits de base, comme le pain, et le gel de la masse salariale mais un meilleur ciblage en faveur des personnes qui méritent d’être aidées. Dans tous les pays du monde, les aides sociales vont aux personnes nécessiteuses. Moi, je n’ai pas besoin que l’État subventionne mon pain. Le coût social sera plus important si le pays sombre dans la faillite. Ma responsabilité est de stopper cette chute. Je ne cherche pas la popularité et je n’appartiens à aucun parti, cela me donne une liberté pour décider ce qui est nécessaire pour le pays.
La situation politique en Tunisie
En ce qui concerne la situation politique, Mechichi déclare que c’est une situation assez particulière, et c’est propre à toutes les transitions démocratiques qui nécessitent un temps d’adaptation. Le gouvernement a reçu une large confiance du Parlement. Mais il y a des interprétations constitutionnelles diverses. Malgré cela nous assumons nos responsabilités. La première étant de sauver le pays.
Toutes les institutions du pays doivent nous rejoindre dans cette démarche.Face à la pandémie, l’objectif du gouvernement de 3 millions de vaccinés le 30 juin (sur une population de 12 millions) ne sera pas atteint.La situation nous préoccupe. Je considère la vaccination comme la meilleure solution. C’est très difficile de continuer avec les mesures de confinement et autres qui ont un coût très cher. L’idée est d’augmenter le rythme des vaccinations Nous avons tout mis en place en matière de logistique (centres dédiés, personnels...), il reste le problème de la disponibilité des vaccins. Nous sommes en discussion avec l’OMS. Nous travaillons également avec des laboratoires pour effectuer les finitions des vaccins, comme l’emballage, ici pour la consommation locale puis l’export.